La hausse des taux d'intérêts a-t-elle des effets positifs sur l'investissement immobilier ? A première vue, les termes de cette question peuvent être antinomiques, mais elle mérite de pousser un peu la réflexion.
On constate un doublement des taux d'emprunt en quelques mois, c'est un fait, mais quelle en est la raison ?
L'inflation. L'inflation n'est bonne pour personne, sauf pour l'emprunteur en immobilier locatif, car les loyers et le capital vont suivre l'inflation alors que la mensualité de remboursement va rester la même.
Souvenez-vous lorsque nos parents ont emprunté à une période où l'inflation était à plus de 10% par an, l'effort d'épargne s'est amoindri en quelques années puisque la valeur réelle de la mensualité a considérablement baissé. Il est aujourd'hui une différence notoire avec la décennie des années 1990 où on avait 10% d'inflation mais où on empruntait à 12%. Cette année on nous annonce une inflation à 6% à la fin 2022 mais on emprunte toujours à 2%, soit 3 fois moins que l'inflation, il faut donc en profiter et prendre de la dette sur de l'immobilier locatif de qualité et laisser faire l'inflation. Les études des sites de location de vacances montrent que cet été les loyers des hébergements touristiques ont augmenté de 7,2% par rapport à 2021.
Mais les prix de l'immobilier vont cesser d'augmenter ?
Le marché de l'immobilier a essuyé la crise du COVID, la guerre en Ukraine et ses conséquences, on constate partout en France, hormis à Paris, que les prix continuent à progresser surtout en dehors des grandes villes.
L'augmentation des taux pourrait sortir des seuils de solvabilité certains acheteurs, notamment les primo-accédants et les marchés qui proposent de nombreux biens à la vente pour une première acquisition de résidences principales vont sans doute voir les prix fléchir.
Sur le marché de l'investissement locatif la hausse des taux d'intérêts n'aura que peu d'impact puisque pour l'investisseur les intérêts de l'emprunt sont déductibles et le doublement des taux (de 1% à 2%) n'a qu'un impact léger sur le remboursement mensuel (une quarantaine d'euros mensuellement pour 100.000 euro; empruntés sur 20 ans).
La principale préoccupation restera de réussir à obtenir un emprunt.
Par l'intermédiaire du Haut Conseil de stabilité financière et de sa limitation de l'endettement maximal et du taux d'usure, l'Etat limite considérablement l'accès au crédit à tous ceux qui n'ont pas fini de rembourser leur résidence principale ou qui payent un loyer. C'est clairement un frein pour ceux qui pourraient être en capacité de rénover le parc locatif ou d'apporter de l'investissement dans des zones où l'activité touristique est un salut. Est-ce une volonté pour faire dormir l'épargne dans les banques ?